Le wabi-sabi : l’âme de l’imperfection
Le wabi-sabi est une philosophie japonaise de « l’esthétique », qui célèbre la beauté de l’imperfection, de l’impermanence et de l’inachevé. Il nous rappelle que la vraie beauté se trouve dans les marques laissées par le temps et dans la simplicité de ce principe même. Cette philosophie est intimement liée au kintsugi, qui met en valeur les fêlures avec de la laque et de la poudre d’or comme témoins d’une histoire unique et d’une résilience profonde. Issu de la culture zen, le wabi-sabi valorise l’authentique comme l’éphémère.
Habiter le wabi-sabi, c’est être conscient des flux que représentent nos vies, du temps qui nous traverse et laisse sa trace sur notre peau, dans notre corps, et autour de nous. C’est accueillir « ce qui est » et qui, dans le même temps, n’est déjà plus. L’invitation que nous pouvons saisir se situe dans la beauté du moment présent, qui ne reviendra plus. Ainsi, le wabi-sabi nous propose d’accueillir la fragilité de nos existences et de la célébrer dès que nous le pouvons. Pour moi, c’est à ce moment précis que la gratitude prend tout son sens…
Kintsugi : toute une histoire !
Quant au kintsugi, il est apparu au XVe siècle lorsque le shōgun Ashikaga Yoshimasa cassa un bol à thé auquel il tenait beaucoup. Il demanda donc qu’on l’envoya en réparation et c’est ainsi que le bol parti entre les mains d’artisans chinois. Mais alors que le bol revint, le shogun Ashikaga Yoshimasa fut très insatisfait des agrafes métalliques utilisées à l’époque. C’est alors qu’il demanda aux artisans de trouver une méthode plus harmonieuse.
Ainsi, après un long temps de recherche, les principes du kintsugi virent le jour grâce à l’usage de la laque Urushi. Le résultat fut donc une réparation où les fissures étaient rehaussées d’or, faisant de l’objet un symbole de renouveau. Ainsi naquit le kintsugi, directement inspiré de la philosophie wabi-sabi, qui célèbre la beauté de l’impermanence et de l’imperfection.
Un artisanat qui prend son temps
En effet, symbole de résilience, l’art du kintsugi suit un processus lent et minutieux. Tout cette réparation requiert de la patience et beaucoup de concentration pour à une rémission totale. Il faudra des jours, des semaines, une étape après l’autre pour que l’objet soit enfin guéri et sublimé.
Cela va aussi demandé des conditions particulières de chaleur et d’humidité. Je ne laisse rien au hasard. Chaque étape pouvant demander plusieurs jours de séchage, parfois des semaines, il est très important de bien suivre l’évolution du séchage de chaque étape. C’est aussi ce qui rend lente la réparation, mais si la laque n’est pas sèche à cœur, alors la réparation ne tiendra pas dans le temps.
C’est ainsi que chaque objet réparé devient une création unique, dont les cicatrices racontent une histoire de transformation et de renaissance.